Vue de Montségur (empruntée à cathares.org)

Edito

oici 758 ans, le 1er Mars 1244, à Montségur en Ariège, la principale forteresse cathare tombait aux mains des catholiques. Cette date allait devenir le symbole de la fin de l'épopée cathare. Et quelle épopée !
Nous voulons présenter, à travers ces quelques arti-cles et un texte original cathare «L'Église de Dieu», ce que pouvait être cette foi rationnelle en Jésus-Christ. Nous comptons le faire sous un autre œil que d'habitude, en défendant les pratiques ascétiques qu'ils suivaient, en défendant leur foi, qui découle de façon logique d'une certaine analyse des écritures et d'une certaine appréhension du monde, parfaitement cohérentes.
La cause de la forte critique qui fut adressée aux ca-thares était probablement leur ascétisme rigoureux. Parce qu'ils allaient dans cette voie difficile avec, en plus, l'idéal de non-violence, comme les jaïns en Inde ou les cyniques en Grèce, ils durent subir les outrages de ceux qui, par leur prise de position inverse sur la vie – c'est-à-dire, aimant le monde, les plaisirs et le matériel –, ne pouvaient accepter une telle remise en cause et les cathares ne pouvaient pas, en raison même de leur idéal, s'opposer aux violences.
Ne soyons pas naïf quant à toutes les critiques que l'on pourrait faire sur le catharisme. Ce que l'homme a pris l'habitude de faire en critiquant l'autre, et notamment le catholique en critiquant le cathare, s'est de justifier sa propre pratique. Il serait très dérangeant de reconnaître que celui qui est capable de se maîtriser davantage, notamment en ne se laissant pas asservir par les préoccupations et les plaisirs, a raison. C'est pour cela que le point de vue cathare a été, de tous temps, fortement repoussé, même inconsciemment.
La dénonciation de la difficulté de l'ascétisme des cathares est aussi vive de nos jours. Cette dénonciation est un peu lâche car les cathares ne sont plus là pour se défendre. Les épreuves difficiles font qu'un esprit qui les surmonte est un esprit fort. Un esprit qui est fort, ce n'est rien d'autre qu'un esprit qui EST. La perversion de la société actuelle, adoratrice du confort et de l'individualité, réside en ce que plus l'esprit cède aux envies son contrôle sur le corps, moins cet esprit nous imprègne et moins nous sommes en contact avec l'être. Nous ferions bien de nous intéresser davantage au catharisme en tant que religion et philosophie. C'est une voie certes difficile ; mais, pour que nous ayons accepté l'existence et ses préoccupations, cette mascarade absurde, et l'ayons aimée parfois sans se poser de questions, acceptant même, plutôt que nous nous dirigions, d'être téléguidés par quelques envies ou émotions, il faut certainement une grande maladie et des remèdes appropriés...
On a accusé le catharisme d'être extrême. Bien sûr. Il l'était. Mais toute chose positive devient extrêmement positive si on la pratique à l'extrême. Quelle méfait peut-il y avoir à l'extrémisme du cœur, de la paix, de l'être ? Ainsi, la puissance des cathares résidait dans leur esprit qu'aucunes émotion ou douleur n'asservissaient. La non-violence et la compassion des cathares allait jusqu'à ne pas manger des animaux. Enfin, c'est avec cœur, sagesse, courage, qu'ils ne mentaient pas et ne juraient pas, même pour lutter contre l'inquisition, qu'ils ne fuyaient pas la mort, qu'ils secouraient les autres, qu'ils s'opposaient aux injustices, tant des hommes et des états que de la nature... E.B.