Le coin lecture.

Aldous Huxley, les portes de la perception.

D'Aldous Huxley, nous connaissons surtout «Le meilleur des mondes» où il peint une société, très près d'arriver, dans laquelle les humains naissent par clonage et ne contestent rien, parce qu'ils ont leur drogue. Nous avons le clonage ; et qu'on l'emploie pour aider l'homme à supporter sa mollesse, c'est-à-dire le guérir des maladies d'une existence dont il ignore le pourquoi, ou bien pour perfectionner l'humain, c'est du pareil au même : inutile. Nous avons également la drogue : la technologie, le plaisir, etc...
Dans cet ouvrage, il est question d'une autre sorte de drogue : le peyotl, hallucinogène connu aussi sous le nom de mescaline, et qui modifie profondément notre perception pour nous en faire comprendre l'absurdité inouïe, ce qu'avec une perception non-déficiente, nous acceptons sans aucune question. Lorsque Aldous Huxley parle de nettoyer les portes de la perception, selon l'expression d'Eckart, il s'agit de l'épurer des associations automatiques que nous faisons ordinairement et qui ont effet, outre notre meilleure habilité dans les choses quotidiennes utiles au corps, de nous réduire en proportion la conscience. Celle qui ne voit pas un seul, mais tous les aspect d'une chose, c'est-à-dire la conscience qui n'a pas de connaissance sur l'utilité ou la signification des choses. Ceci fait dire à l'auteur qu'il se rapproche, de par son expérience – réalisée, je le précise, sous contrôle médical et psychologique –, du point de vue de Bergson, à savoir que la perception correcte, et d'une certaine manière l'intelligence, ne sont pas un ajout de conscience mais une diminution. Au lieu d'être dans son état natif, comme lorsque nous étions enfants ou non-nés, la conscience, lorsqu'elle est attirée par une perception fonctionnelle, est absorbée, jugulée, emprisonnée dans un tuyau étroit.
Ayant pris pour prétexte cette discussion, l'auteur poursuit une analyse passionnante des religions, des qualités de celui qui démarche pour atteindre la spiritualité. Il effectue aussi une analyse du Pater – un peu à la manière des mystiques (qu'il cite d'ailleurs abondamment) – et il dénonce, ce qui est peu commun, les distractions qui sont presque aussi dangereuses pour la libération que les passions, et dont on parle beaucoup moins. Une fois de plus, l'auteur se montre visionnaire. La critique qu'il fait de sa société des années cinquante serait dix fois plus appropriée de nos jours. À lire absolument. E.B.

Enseignements du maître zen Dôgen.

Dôgen est le plus connu des maîtres du bouddhisme Zen. C'est d'ailleurs à lui que remonte cette branche du bouddhisme. Grâce à son disciple Ejo, nous avons des notes de ses sermons, par le biais desquels il enseignait à ses disciples. Ils sont réunis en six livres. Ceux-ci, d'avis personnel, sont d'une richesse extraordinaire. Non pas pour la beauté du style, car il est très simple, mais pour les leçons qu'on y reçoit. On est parfois frustré de la dureté du zen. Les dojos sont dépouillés, le rituel est ferme et une concentration maximale est exigée. Bien sûr, c'est là un regard de non initié. À travers ces quelques paroles qui remontent les siècles, on se sent vraiment à l'époque de Dôgen, et on se sent vivifié et apaisé par les paroles de Sagesse.



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