Histoire du catharisme


Chronologie du catharisme.


1000 Communautés hérétiques dénoncées à travers l’Europe.

1022 12 chanoines brûlés à Orléans, premier bûcher de l’histoire.

1025 Bûchers à Turin, à Toulouse et en Aquitaine.

1135 Bûchers à Liège. Première mention de communautés cathares avec une hiérarchie épiscopale.

1145 Mission de Bernard de Clairvaux en Toulousain et Albigeois. Présence de communautés hérétiques dans les bourgades.

1157 Concile de Reims contre l’hérésie.

1163 Bûcher à Cologne. Eckbert de Schönau crée l’appellation cathare.

1165 Conférence de Lombers, en Albigeois. Présence d’un évêque cathare occitan (Sicerd Cellerier).

1167 Assemblée de Saint Félix en Laurageois. Organisation de quatre évêchés cathares occitans.

1178-1181 Mission cistercienne en Toulousain et Albigeois.

1184 Décrétale de Vérone. Mesures anti-hérétiques à l’échelle européenne.

1194-1222 Raymond VI de Toulouse. Apogée du catharisme occitan.

1198-1216 Pontificat d’Innocent III.

1206 Début de la contre-prédication de Dominique. Fondation du monastère de Prouille.

1208 Assassinat du légat Pierre de Castelnau. Appel du pape à la croisade contre les hérétiques.

1209 Début de la croisade. Massacre de Béziers, prise de Carcassonne, mort de Raymond Roger Trencavel. Simon de Montfort vicomte de Carcassonne. Bûcher de Casseneuil.

1210 Prise et bûcher de Minerve (140 victimes). Prise de Termes par Simon de Montfort.

1211 Victoire du comte de Foix à Montgey. Prise de Lavaur par Simon de Montfort. 80 chevaliers égorgés, 400 hérétiques brûlés. Bûcher des Cassés (60 brûlés) Bataille de Castelnaudary.

1212 Conquête de l’Agenais et du Quercy par Simon de Montfort.

1213 Hommage de Raymond VI de Toulouse au roi Pierre d’Aragon. Bataille de Muret. Mort du roi d’Aragon. Déroute occitano-aragonaise.

1215 Quatrième concile de Latran : investiture du comté de Toulouse à Simon de Montfort. Fondation de l’ordre des frères prêcheurs ou dominicains. Toulouse.


Principaux personnages du catharisme :

Simon de Montfort :


Il se distingue par ses qualités militaires lors du siège de Carcassonne (août 1209). Il est mis à la tête des vicomtés vacantes de Carcassonne et de Béziers et désigné comme chef militaire de la croisade. En août 1215, Innocent III lui reconnaît aussi le comté de Toulouse. En 1217, Toulouse se soulève en faveur du comte Raymond VI et de son fils. Le 25 juin 1218, Simon de Montfort est tué d’une pierre.



Jean de Lugio :


Il composa un ouvrage de théologie cathare : «Le livre des deux principes» dont il reste des extraits. Il y pose les bases d’un dualisme absolu, aboutissement de la recherche et de la réflexion des théologiens cathares sur le problème du mal. Évêque de Desenzano vers 1250, il meurt une dizaine d’années plus tard, avant même les grands bûchers de la fin de XIIIe siècle italien.


Raymond VII :


Fils de Raymond VI et de Jeanne d’Angleterre. À la mort de son père (1222) il achève la reconquête des possessions toulousaines des communautés cathares après la tourmente de guerre et des bûchers. En 1129, il accepte un traité lui accordant des places en Lauragois et amputant ses possessions de Provence et du Languedoc oriental. Il reconnaît comme ses seuls héritiers sa fille unique Jeanne et le futur mari de cette dernière : Alphonse de Poitiers (frère de Louis IX). À sa mort (1249), il n’a pas su ni s’opposer à l’exécution de Montségur, ni briser le caractère inéducable du traité de Paris. En 1271, Toulouse devient sénéchaussée royale de France.


Pierre Authié


Notaire d’Ax et familier du comte Roger Bernard de Foix. Vers 1296, il part pour l’Italie avec son frère Guilhem afin de recevoir l’enseignement et l’ordination de l'Église occitane de l’exil. Il revinrent vers 1299 et essayèrent de réactiver les vieux réseaux de la résistance populaire cathare. Traqués par l’inquisition, ils furent arrêtés en 1309. Interrogés par Bernard Gui, Pierre reçut sentence devant la cathédrale de Toulouse le 9 avril 1310 ; il monta sur le bûcher le lendemain.



1216 Début de la reconquête de Raymond VI de Toulouse et de son fils.

1218 Simon de Montfort meurt en assiégeant Toulouse.

1219 Croisade du prince Louis de France, massacre de Marmande.

1220-1221 Reconquête du comté de Toulouse, rétablissement de l’Église cathare.

1221 Mort de Dominique à Bologne.

1222 Mort de Raymond VI, comte de Toulouse.

1222-1249 Raymond VII, comte de Toulouse.

1223 Reconquête de Carcassonne par Raymond Trencavel.

1224 Armaury de Montfort, vaincu, regagne Paris et cède ses droits à la couronne de France.

1226 Croisade royale de Louis VII. Soumission de nombreux vassaux de Raymond VII. Concile cathare de Pieuse et création de l’évêché de Razes. Bûcher de Pierre Isarn, évêque de Carcassès, à Caunes Minervois. Mort de François d’Assise.

1226-1270 Louis IX (Saint Louis) roi de France.

1227-1229 Guerres de Cabaret et de Limoux.

1229 Traité de Paris. Fin de la croisade contre les albigeois. Capitulation de Raymond VII. Création de l’université de Toulouse, confiée aux frères prêcheurs et codification de la répression anti-hérétique. Sénéchaussées royales françaises à Carcassonne, à Béziers, à Beaucaire, Nîmes. Les églises sont clandestines.


Saint Dominique :


Né en Castille vers 1170. Prêtre et chanoine. En 1206, il entreprend avec son évêque Diègue d’assister le légat du pape (Pierre de Castelnau) dans sa lutte contre l’hérésie. Il choisit de combattre les prédicateurs cathares avec leurs propres armes, adoptant ainsi leur modèle de pauvreté apostolique. En 1206, il fonde l’établissement de Prouille à l’intention des femmes hérétiques qu’il pourrait convertir. L’irruption de la croisade signifie l’échec de son entreprise de conversion par la persuasion. À sa mort en 1221, l’ordre mendiant des frères prêcheurs ou dominicains est déjà partout en Europe. En 1233, la papauté charge les dominicains, avec les franciscains, de diriger l’inquisition. L’année suivante, Dominique est canonisé.


Guilhabert de Castres :


Né vers 1165. Actif théologien représentant son église dans les débats publics opposant, au début du XIIIe siècles, cathares et catholiques. En 1209, à l'arrivée des croisés, il se replie à Montségur. Il crée à Pieusse, en 1226, le nouvel évêché de Razès. En 1233, il organise l’action pastorale clandestine. Il disparaît des documents vers 1240.


1232 À la demande de Guilhabert de Castres, Montségur devient «la tête et le siège» de l’Église interdite.

1233 Fondation par Grégoire IX de l’inquisition confiée aux ordres mendiants.

1234 Soulèvements contre l’inquisition à Toulouse, Albi et Narbonne.

1239 Le 13 mai : bûcher du Mont Aimé en Champagne (180 brûlés). Destruction de l’Église cathare de France.

1242 Attentat d’Avignonet contre l’inquisition par les chevaliers de Montségur, signal de l’entrée en guerre de Raymond VII. Le pays se soulève.

1243 Les alliés de Raymond VII sont battus. Traité de Lorris. Début du siège de Montségur.

1244 Le 16 mars : bûcher de Montségur (225 brûlés). Fin des églises cathares organisées en Occitanie. Systématisation de l’inquisition à partir de ses sièges de Carcassonne, Albi et Toulouse.

1249 80 croyants Cathares brûlés à Agen. Mort de Raymond VII, son gendre Alphonse de Poitiers lui succède.

1255 Chabert de Baibaire rend Queribus, dernière place forte cathare.

1258 Traité de Corbeil qui définit la frontière entre les royaumes de France et d’Aragon.

1270 Mort de Lois IX, lors de la huitième croisade, devant Tunis.

1271 Mort de Jeanne de Toulouse et d’Alphonse de Poitiers. Rattachement du comité de Toulouse au domaine royal.

1280-1285 Procédures irrégulières de l’inquisition à Carcassonne et Albi. Complot contre les archives de l’inquisition à Carcassonne.

1295 Pierre et Guilhem Aythié rejoignent l'Église occitane en Italie.

1300-1310 Tentative de la petite église des frères Authié.

1303 Geoffroy d’Ablis nommé inquisiteur à Carcassonne.

1307 Bernard Gui nommé inquisiteur à Toulouse.

1309 Jacques et Guilhem Authié, Arnaud Marty, Prades Tavernier, Amiel de Perles, Philippe d’Alairac et Raymond Fabre, capturés et brûlés. Guilhem Bélibaste s’enfuit de l’autre côté des Pyrénées.

1310 Pierre Authié est brûlé à Toulouse.

1318-1325 Campagne d’inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers.

1321 Bûcher de Guilhem Belibaste à Villerouge-Termenes.

1325 Bûcher d’une croyante cathare à Carcassonne.

1329 Bûcher de 3 croyants cathares à Carcassonne.

1412 Dernières sentences contre les cathares italiens.

1463 Conquête de la Bosnie par les Turcs : fin du catharisme bosniaque.


Le catharisme en Languedoc :

Persécutés dans l’ensemble de l’Europe, les cathares sont tolérés un certain temps en Italie du Nord et en Occitanie. Des structures d’églises peuvent de développer. Alors qu’au milieu du douzième siècle, les évêques des communautés rhénanes demeuraient clandestins, des évêchés cathares se structurèrent ouvertement de Cahors à la banlieue de Rome. Il y a alors quatre évêchés à travers les comtés de Toulouse, de Foix et la vicomté de Trencavel : ceux d’Albigeois, de Carcassonne, de Toulouse et d’Agenais. Un cinquième se crée bientôt en Razès (pays de Limaux). Cette implantation s’explique par la nature des principautés occitanes moins centralisées que celles du Nord de l’Europe. L’éparpillement des droits et des pouvoirs au sein d’une caste aristocratique bourgeonnante, populeuse, anticléricale, peu soucieuse du lien féodo-vassalique n’allait dans le sens d’aucune systématisation, fût-ce celle d’une politique de persécution. Ce modèle féodal méridional offrait de meilleures conditions de survie à un ordre chrétien dissident. De par sa proximité, le catharisme devint rapidement le christianisme ordinaire de toute cette société. Il est soutenu par la caste aristocratique (dames en tête) et fut un modèle pour l’ensemble de la population (transparence des pratiques apostoliques, désintéressement de toute forme de dîme ou d’imposition, promesse de statut pour les laïcs).

La répression :

Innocent III (pape à partir de 1198) proclame la plénitude du pouvoir du saint Siège sur les souverains, il définit une réglementation interne de la communauté des croyants scellés par un credo, une paroisse et des sacrements obligatoires, contre les ténèbres de la mort promises aux exclus : les hérétiques d’abord, puis les juifs et les lépreux. Il appelle à la croisade contre les grands féodaux occitans protecteurs d’hérétiques (Raymond VI de Toulouse, Raymond Roger Trencavel, Raymond Roger de Foix). Cela aboutit à un échec faute de l’appui du roi Philippe Auguste, demeuré réticent. L’entrée en guerre de la royauté, à partir de la croisade royale de Louis VIII en 1226, va renverser la situation. En 1229, Carcassonne et Béziers deviennent sénéchaussées royales. Raymond VII de Toulouse signe à Paris une soumission qu’il ne pourra jamais remettre en cause malgré ses tentatives. En 1271, à la mort de sa fille Jeanne et de son époux Alphonse (frère de saint Louis), ce qui reste du comté de Toulouse est réuni à la couronne de France sous l’administration d’un sénéchal du roi. Les églises cathares, désormais fugitives et privées de l’appui de leurs anciens protecteurs, furent soumises à la répression de l’inquisition (créée par la papauté en 1233). Ce tribunal religieux, dirigé par des juges et franciscains, interrogent la population entière et utilisent les confessions comme des dépositions judiciaires. Fondée sur la délation encouragée par un assortiment de peines et de récompenses, l’inquisition brise les solidarités villageoises et familiales. En un siècle, elle parvient à capturer et à éliminer par le feu les religieux clandestins qui refusent d’abjurer. Le processus s’amplifie et s’emballe après la chute de Montségur et la mort sur le bûcher du 16 mars 1244, de la hiérarchie des églises cathares occitanes. En avril 1310, Pierre Authié, le dernier grand prédicateur cathare méridional, est brûlé devant la cathédrale Saint Étienne de Toulouse par sentence de l’inquisiteur Bernard Gui. En 1321, Guilhem Bélibaste est brûlé devant le château de Villerouge Termences sur ordre de l’archevêque de Narbonne.

Anne.


Voir aussi : le catharisme.
Sur internet : cathares.org.

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